"Professionnel", un mot que l'on entend souvent dans les milieux dit "artistes". Ce mot nous semble relativement irritant car il stimule de nombreux abus et suscite de nombreuses frustations. Examinons donc de plus près ce pseudo-concept. |
En premier lieu, si nous nous penchons sur le sens premier de ce mot, sens qui est le plus couramment invoqué, nous voyons tout de suite le type d'élitisme qu'il établit : le professionnel est celui dont la profession est d'être artiste, et donc pour lequel le gain financier obtenu par son travail ne peut souffrir d'aucune attaque vis-à-vis de sa légitimité. Par déduction, l'artiste non-professionnel n'est pas reconnu socialement pour son art, et encore moins financièrement (ce qui est presque un pléonasme dans la société actuelle)... C'est par l'échelle du frik (camouflée sous celle de la légitimité d'en gagner) que l'on juge du degré de professionnalisme d'un artiste. Lorsqu'un artiste non-pro touche de l'argent, souvent au noir, il emmerde les pros parce qu'il ne déclare pas de cachet substanciel, demande moins (et soit-dit en passant donne moins à des voleurs comme la SACEM ou l'état et fait fi en même temps que son employeur de toute taxe ou de tout impôt) et est susceptible de leur sucrer de nombreuses places dans des espaces réservés au spectacle ou auprès des institutions qui le promulguent. Crainte légitime du pro en apparence, mais crainte qui se base encore et toujours sur un même principe : le putain de FRIC !!! Cette définition du professionnel est encore une fois celle du FRIK, ne le perdons pas de vue un seul instant.
|
Voyons ensuite quelles sont les autres revendications des pros, pour nous apercevoir qu'il s'agit plutôt de contraintes, et de contraintes pleinement acceptées par pas mal de couillons qui en font partie... Le professionnel est condamné à se plier à la volonté des gens... J'en sais quelque chose, moi qui fut "pro" dans le monde des bals (see idée 4), je dis ça avant de me faire bouffer la gueule par un "pro" qui passerait par là sur le prétexte que je n'y comprends rien (c'est bien leur genre)... Le professionnel musicien, par exemple, joue pour des mariages, des bals, des mairies, des associations, et j'en passe et des meilleurs... C'est cool, mais c'est surtout dans les faits une belle démonstration de prostitution musicale... Nous ne dirons jamais assez combien est fondamental de briser les frontières, de dépasser les genres, de ne pas se cantonner à un style et à un type d'endroit, oui, mais à la seule condition que l'artiste puisse s'exprimer librement... Au contraire, le pro, en premier lieu, se travestit pour plaire à ses commanditaires (la plupart du temps sans qu'on le lui demande). Le but : être "bien habillé" pour bien présenter (et pour être sûr de plaire et d'être repris). Tout va marcher ensuite sur cette pseudo-séduction du public par l'artiste, le détail vestimentaire "rebelle" faisant souvent mouche (Mon dieu, quel chapeau rigolo ! Ah, ces artistes, quand même !). Sauf que tout est basé sur des caricatures sociales pré-établies et en tous points réactionnaires au possible... Les morceaux que les gens aiment, les spectacles que les gens aiment, parfois un peu de violence rock'n'rollique pour leur rappeler leur belle époque rebelle, mais pas trop pour ne pas trop les réveiller de leur torpeur... Tout est anesthésié, et la pseudo-beauté qui en ressort n'est qu'une horreur pour moi. Certes, l'émotion passe (c'est ce que je développais dans l'idée 4, surtout à des fins d'ouverture), mais le pseudo artiste est une vraie pute, et le spectacle est pitoyable. Un véritable gala de charité pour vieilles stars défraîchies... C'est bien le rôle de l'artiste que ces "pros" pervertissent ! et ce faisant, ils osent critiquer en plus les non-pros et leur reprocher de bouffer leur territoire ! Tout cela a des consonnances particulières qui me font penser aux majors et à la SACEM qui se plaignent des MP3, pitoyable... |
Putain, n'est-ce pas honteux d'entendre les 4 saisons de Vivaldi dans la rue par un quatuor à cordes ? Europa de Satana dans un bal de village ? Aussi pitoyable que la millionnième fois que l'on entend le même disque en free party, tube du moment. Pouah ! Tout ceci est le fruit d'un consensus public-"artiste", mais d'un consensus autour de cet acteur social reconnu que l'on nomme "artiste professionnel". Le rôle de l'artiste n'est pas celui-là, nous l'avons déjà défini et nous n'y reviendrons pas (see idée 1). Mais ce qui est malheureux, c'est que ce soit ces "professionnels" qui le pervertissent à ce point. Ce terme est donc détestable de leur fait à eux seuls... |
Le pire, c'est que poussés par l'appât du gain (ne nous y trompons pas, tout est histoire de FriK encore une fois), ces "pros" en redemandent et restent dans ces formats tout tracés qui sont les leurs, papa l'a fait avant, alors (ou quelqu'un l'a fait avant pour faire plaisir à papa)... Le pire, surtout, c'est que la plupart d'entre eux n'exerceraient pour rien au monde leur art en dehors de ces moules débilisants. En d'autres mots, ils n'ont plus d'artistes que le nom et la reconnaissance sociale qui se marque par le friK, toujours le friK, rien que le friK... N'attendez plus rien d'eux, ni nouveauté, ni révolution, ni même joie pure et félicité dans l'accomplissement de leur art, tout est souillé, écrasé par le pognon ! Un artiste pro quel qu'il soit ne sortira pas une nouvelle oeuvre sans les subventions et le salaire d'un commanditaire. A côté de cela, aucune commande ne sera adressée à un amateur ! Les musiciens des grands orchestres sont prêts à quitter la répétition en plein milieu d'une pièce parce c'est l'heure de bouffer ! Tout n'est qu'histoire de contrat et de passe-droit, comme en politique... Si c'est ça, être pro, et ben ce sera sans moi. Gagner sa vie par son art n'est en rien humiliant, mais faire la pute pour ça et surtout le revendiquer, c'est sale ! |