On arrive à Ozora le mardi 10 août dans la soirée, après deux bonnes journées de voiture. Sur le net, on a trouvé l'adresse de "Solipse 99", dont le programme semble alléchant au possible. On déchante vite quand on voit le prix (environ 500 Francs l'entrée) et la sécurité mise en oeuvre. Certains nous disent que même ceux qui arrivent à la tromper et à se retrouver sur le dance floor (carrément planqué dans la colline, bien plus haut) se font chopper là-haut et virer comme des malpropres. Pas le droit de danser si on n'a pas payé !
Alors, dépités, on cherche un camping. On suit des petits panneaux en carton qui indiquent "campo tranquillo", et on rencontre des gens. Des Allemands, des Belges, des Anglais, des Français... Ils nous disent que ces panneaux, c'est pour une autre teuf à 80 Francs les 3 jours. Il y a du mieux... Mais on apprend aussi qu'un teknival va s'installer dans les environs... Alors là, ça va carrément mieux. Ca commence à parler, de plus en plus fort, à embouteiller, à klaxonner. Alors, des policiers locaux s'amènent, et, surprise, ils sont très sympas ! Ils nous donnent même la direction de la caravane du teknival, et nous proposent de nous y amener !
Quand, un tout petit peu plus loin (mais je ne sais plus trop où, c'est très labyrinthique, la Hongrie !) on tombe sur la caravane, là, c'est carrément terrible ! Le premier camion qui se pointe a été réalisé par les Mutoids, et dans le genre sculpture métallique sur roue, c'est carrément grave... Des Anglais surexcités et apparemment un peu bourrés hurlent de partout, poussent toutes les voitures à se garer sur le bas-côté pour laisser passer la trentaine de camions qui s'avancent. Les policiers de tout à l'heure applaudissent en riant sur le côté. On suit et... surprise ! On s'installe pile en face de "Solipse". Tout le monde se trimballe avec sa branche-trophée de chanvre cueillie dans les haies d'à côté (mais non, les gars, c'est pas du cannabis !), on s'affère, on empile, on crie dans tous les sens. C'est le son du fameux camion des Mutoids qui est prêt en premier et qui nous arrose à grands coups de B.O. de "Pulp Fiction", nous rendant un peu plus impatients que les autres soient prêts... Une bonne pluie freine un peu les ardeurs et c'est Desert Storm qui ouvrira vraiment la nuit à grands coups de Drum & Bass, ainsi qu'un autre petit son anglais à l'écart. Et vas-y que ce joyeux monde s'esbaudit dans la boue, à grands coups de rires et d'embrassades, piqués par les féroces moustiques hongrois.
Le matin, les autres sons finissent l'installation alors que le ciel se découvre, juste à temps pour l'éclipse totale de début d'après-midi. Là, les sons s'arrêtent (sauf un), les chiens hurlent à la mort ou partent en courant, les teknivaliers font de même, les moustiques ressortent pour un quart d'heure, et quand les sons repartent, c'est l'hystérie collective ! C'est vrai que c'est terrible, une éclipse de soleil !
C'est le deuxième soir qu'on atteindra un maximum de monde et de musique (avec un maximum de 8 sons qui jouent en même temps), alors que plusieurs sons sont arrivés dans l'après-midi (dont les Furious, un son allemand de Dresde, et un son tchèque qui diffuse de la house et de la techno) et que les autres ont fini leur installation (des Italiens et des Anglais). L'ambiance restera très sympathique, avec beaucoup de temps et d'espace. Le peu de monde relatif permettra au moins une communication plus libre.
A noter, la présence de locaux qui profitent de la gratuité de l'événement (des paysans hongrois nous rejoignent, dansent avec nous, amènent même parfois leur petite famille). Il y a en général un très bon contact avec ce monde qui nous entoure, et dont les plus proches maisons ne se situent qu'à une centaine de mètres. Et puis aussi, quelques ravers plus friqués de là-haut viennent nous rendre visite, et personne ne s'en plaint.
Le tekni va durer encore le week-end, mais le terrain est devenu tout détrempé par les pluies intermittantes. Beaucoup parlent de rejoindre le teknival en France, qui débutera le 18, dont les Metek, qui n'ont même pas posé leur son (je n'ai pas bien compris pourquoi, une embrouille quelconque). On est un peu fatigués, on part le vendredi soir, alors que beaucoup de monde en a fait de même. Certaines personnes préparent une expédition dans les villages environnants pour rameuter du monde. On ne verra pas si ça a marché... Mais si l'intensité du tekni a été de courte durée, elle n'en fut pas moins forte et positive. Un très bon souvenir, donc, de ce petit teknival.
guillaume
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