RAPPORT DE LA MANIFESTATION
A MARSEILLE LE 16 JUIN 2001

C'ETAIT UNE BELLE MANIF, CA, MADAME !!!

Quelle joie, quelle satisfaction !!! Tout s'est déroulé à merveille...

Tout, c'est quoi ? C'est en premier lieu une ambiance festive comme pas d'autres, l'ambiance de nos teufs chéries sous leur meilleur jour, à leurs meilleures heures, passées, présentes ou futures...

--- Aïe ! (1) ---

Jours, heures, futur ? Le temps nous serait-il compté ?... Ce que nous avons pu compter aussi, au delà de notre enthousiasme, ce sont nos proches, nos fidèles, les activistes de notre mouvement, ceux qui nous ont rejoints sur le défilé, et là, tout n'est pas si rose... 2000 personnes en étant optimiste, 2500 en étant optimiste et marseillais de surcroît, et 1000 selon la police... Ya de quoi devenir vert, ou rouge de colère !!! C'est le premier point noir ! Je n'hésite pas à le percer (ouille !) : nous sommes victimes d'un certain public de nazes, ce public qui n'est pas prêt à se bouger le plus petit orteil pour la cause, ce même public qui rend nos fêtes violentes, glauques et crades... Ce public-là, il va falloir que l'on apprenne à s'en débarrasser. Ce public-là, il va falloir réussir à le priver du dessert que sont pour lui nos fêtes. Nos fêtes ne sont pas un dessert, elles sont le véhicule de notre art, un véhicule basé sur des valeurs nobles de liberté, de gratuité et de respect, on ne le rappellera jamais assez. Les crétins qui ne l'ont pas compris et qui ne sont pas prêts à se battre pour elles ne méritent plus d'y avoir accès... C'était l'opinion chagrine et colérique du Tournesol...

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Les gens présents furent joyeux à souhait, maquillés, déguisés, souriants, pacifiques... C'est pour eux et avec eux que cela reste un plaisir de combattre cet amendement liberticide qui nous pend au nez. C'est dans ces moments-là que l'on saisit le sens du mouvement, pas de chefs, pas de guides, tout le monde acteur et actif...

Quelques épisodes glorieux de cette première manifestation musicale au grand jour de la scène free underground, manifestation urbaine au coeur même de la cité phocéenne. Il y a d'abord l'arrivée tonitruante du camion/char de la manif à 14h00 au Vieux Port annoncée par des coups de klaxon.

C'est Frank (Nonem) qui l'a conduit tout au long du trajet avec brio et bonne humeur, et on peut l'en remercier vivement. Nous attendions là depuis 13h00 pour notre part pour la conférence de presse qui n'eut jamais lieu.

--- Aïe ! (2) ---

Les médias, en effet, ont boudé cette manif sudiste, qui n'a été que très peu relayée. Trois raisons à cela à mon sens : 1) la manifestation kabyle de la Porte d'Aix, ainsi que les événements à Göteborg, qui nous ont malheureusement fait "concurrence", si l'on ose dire, 2) un certain désintérêt des médias dû à plus d'un mois de couverture du même sujet (tellement classique de leur part de noyer le poisson au moment le plus important !), 3) La savante désinformation politique de la semaine dernière qui laissait présager que nous avions gagné la partie (ALORS QU'IL N'EN EST RIEN !!!)... C'est le deuxième point noir de cette manif, et je m'en arrêterai là pour le négatif.

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Autre instant magique : le départ sur la Canebière, vers 15h00, avec les premiers boum-boum du son qui peinait à se stabiliser... Instant magique pour tous, c'est parti pour 3 heures de danse in the city. Je repense à un vieux truc qu'on se disait dans les free il y a 7 ans, "danser = manifester"... Ca n'a pas vieilli !

Un live de Ben et Ber (Metek) qui ouvre le cortège. Plein de problèmes techniques, mais qu'est-ce qu'on s'en fout, non ? Qu'y a-t-il de mieux qu'un son qui reprend après s'être interrompu ?

Un long break juste avant le pont sur le cours Lieutaud (qui laissa tout le loisir aux photographes d'immortaliser la scène de là-haut), des bouteilles d'eau déversées sur le public tout le long, des rires...

Et puis aussi la Place Castellane qui devient une énorme piscine pour free teuffeurs. Avant qu'ils ne soient arrêtés par la ville, les jets d'eau sont dirigés sur le public, plein caniard (kanyar ?), eau, fête, musique, la vie !!!

Là, les DJs des différentes tribes se relayent pour passer chacun 2-3 disques sur cette superbe place qui nous appartient provisoirement, un grand moment !

Enfin, la dispersion sans heurts devant les CRS menaçants au niveau de la préfecture... Fort bien géré, bravo !

QU'EN RETENIR ?

En premier lieu, la mission est remplie à mon sens : les passants que nous avons croisés ont tous saisi le message : tracts, prospectus, discussions avec les badauds ont animé tout le cortège, nous avons su exposer et défendre notre culture au grand jour.

Ensuite, je l'ai dit, les sons devront savoir tirer les conséquences qui s'imposent quant à leur public, reconnaître les passionnés conscients parmi les consommateurs passifs.

Ne pas lâcher, surtout pas maintenant, à moins d'une semaine du vote !!! Eventuellement prévoir d'autres actions d'éclat de ce type au cas où il passe devant l'Assemblée Nationale.

Pourquoi pas, comme certains sons l'ont suggéré à l'issue de la manif, poursuivre cette impulsion lancée de "street parade" alternative, prendre le 16 juin comme date anniversaire ? Et pourquoi pas aussi en faire plusieurs par an ? La techno parade avec tous ses sponsors de merde dégoulinant sur la chaussée a besoin d'un pendant underground, c'est clair, et on vient de constater qu'il est possible de lui en créer un.

A un niveau plus subjectif, cette manif a été pour moi une forme de célébration magique de ces longues heures de discussion et de travail avec le collectif des sound-systems de Marseille depuis le début de la lutte, avec des gars et des filles qui sont à des milliers de lieues de tout ce dont on les accuse, et qui sont chacun formidables à leur manière, des anti-stars humbles et volontaires. Bravo à tous les participants !!!


Tournesol, pour Kanyar

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