LEGO + KAO BENG + WORST COMPANY + ANTIMONDIALISATION + 11 NOVEMBRE 2000

= "DOWN TEMPO"



On aura pu apprécier en cette teuf "Down tempo" de nombreuses originalités qui en ont fait un événement mémorable, malgré toujours quelques incidents et détails déplorables.

UNE CAUSE...

En premier lieu, quoique la plupart des gens présents s'en foutaient comme de l'an 40, cette teuf était en rapport avec "L'autre sommet méditerranéen" et le mouvement global anti-mondialisation, une teuf annoncée comme "against the opressor". Une manif avait eu lieu dans l'après-midi à Marseille, et qui n'avait pas attiré une grande foule de jeunes, ni une grande foule tout court, malgré une annonce claire sur la K-LiZt... Dommage, car il n'est pas difficile de comprendre que la dégradation constante des free parties en France est assez liée à un désintérêt croissant pour les grandes causes qui tenaient le mouvement à coeur à ses prémisses. Disparition des idées écolo = grosse décharge pourrie (et ce fut le cas, une fois de plus). Moins (plus du tout) d'engagement politique = la défonce à tout va, le non respect de soi et des autres. Les teufeurs revendiquent souvent l'anarchie, mais rappelons encore une fois que l'anarchie ne saurait aller sans le respect, et que c'est souvent ce qui fait défaut à la plupart d'entre eux, et qui fait que nos fêtes ont l'air bien rustres à qui ne les connaît que de l'extérieur, à tort ? Toujours est-il que la cause était lancée, et que sûrement l'énergie déployée par les sons pour cette teuf y puisait ses racines, mais pas en harmonie avec leur public, hélas non. Ce n'est pas parce que le mouvement n'a pas revendiqué de valeurs dès le départ qu'il n'en avait pas. Peut-être aurait-il dû le faire un peu plus ? La différence flagrante entre cette teuf et le teknival de Millau de cet été réside, je pense, dans un manque de brassage du public. A Millau, nombre de gens qui participaient à l'élan contestataire, d'horizons multiples et pas habitués des free, ont rejoint le tekos, ce qui a produit une émulation assez intense et positive. Ici, vu le peu d'engagement dans la journée déjà, il eut été difficile de retrouver le même phénomène. Mais saluons quand même cette première originalité de cette teuf, cette cause que moi, en tout cas, j'ai ressentie : un soupçon de fièvre en me sachant danser "against the opressor".

Contre la mondialisation...

UNE AMBIANCE

Bravo ! Merci pour cette originalité de taille, le "Down tempo" annoncé fut respecté. Bravo surtout d'avoir tenu votre ligne face à de nombreuses protestations hélas habituelles du public free "Oooooh ! C'est nul ! Gne veux du harkore ! Sivouplé du harkore, monsieur..." Heureusement, tout le monde n'est pas comme ça, et certains ont apprécié à leur juste valeur les mixes et les lives. Quel changement, quand même, que de passer dans la matinée du hip-hop de Worst Company à un live tranquille sur le son des Lego (très joli live !)

Lego, pendant le live
via le dub des Kao Beng...

Kao Beng, pendant le dub

Ouf, de l'air, enfin, ça change ! J'aime le hardcore, certes, c'est même le style que je préfère, mais ce que j'aime par dessus tout, c'est le changement, l'originalité, l'ouverture, et voilà pourquoi je salue ces trois sons qui nous ont gratifiés d'un programme musical différent en ces temps bien moroses que vivent les free parties françaises. J'ai particulièrement apprécié dans la nuit les mixes électro, transcore et avec même un soupçon parfois housy/trance (ou je ne sais quoi) des Lego (pourtant, on connaît ce sound-system pour la dureté de son son), ainsi que les mixes jungle/breakbeat des Kao Beng. Worst Company a envoyé des trucs un peu plus rapides à certains moments de la soirée, quand même (les tricheurs !), mais ce ne fut que passager.



Le "tricheur" en question de Worst Company


AUTRES ATOUTS

Je salue les projections animées de diapos sur le son des Lego (plusieurs appareils avec des caches rotatifs qui donnaient du mouvement à ces images lumineuses figées que sont d'ordinaire les diapositives).

Je salue aussi les vidéos des Worst Company. Signalons aussi une bande de 8 joyeux lurons (dont des joyeuses) qui nous ont offert un spectacle autour du feu (jonglage, crachat etc.), spectacle qui, quoique maintenant extrêmemement habituel, n'en était pas moins attrayant par le nombre de ses exécutants et par le côté malgré tout toujours spectaculaire.

Il manque toujours quelque chose, une animation, un truc un rien théâtral, mais bon... Ce fut une vraie fête, une énergie positive animait ses organisateurs, des valeurs... Malheureusement, le public ne fut pas acteur de l'événement.

POINTS NOIRS

En début de soirée, pendant que les Worst Company s'installaient, une armée de dealers à la criée avait pris d'assaut leur dance-floor encore vide. "Vite-vite, trouvons le coin propice pour le business !!!" c'était dit, ils avaient marqué leur territoire, qui fut le sempiternel "couloir de la drogue" de cette teuf. Beurk ! Quel gâchi ! Parlez-leur d'antimondialisation, d'anticapitalisme, à ces renards du fric... Un peu plus loin, derrière les camions qui entouraient le dance-floor Lego, une voiture désertée à la va-vite aux pare-brises éclatés, des cris, un bâton qui vole, une embrouille... Quoi de malheureusement plus banal, surtout dans un coin pareil. C'est le seul reproche que j'adresserais aux sons : pas Fos sur mer, les gars, vous déconnez !!! C'est toujours un coin très racailleux (quoique cette fois-ci ne fut pas des plus éprouvantes), et c'est un coin archi supra extra connu... Mais où est passé l'esprit d'antan de recherche du lieu magique ?

Danser sur les caillous de la Crau...

Les teufs d'aujourd'hui sont des espaces où l'on joue entre mondanité et mauvais plan, où l'on croise des habitués, où l'on joue de sociabilité, parlant du dernier disque de X, de la dernière teuf de Y etc., et où l'on passe à côté d'une armée de dealers, de petits kékés m'as-tu-vu, de caisses et de pauvres gars explosés. Celle-ci aurait pu en bien des points changer un peu, mais ce ne fut pas tout à fait le cas, malheureusement. J'en garderai toutefois un bon souvenir, merci aux sons. Finalement, quand ce sont eux qui changent, c'est le public qui ne bouge pas. Mais peut-être qu'à force d'essayer ?



Retour aux humeurs

Pour toute réaction :
okosystem@free.fr

Rentrer maison

Back to home
Menu

Menu du site