Trouble fête (soirée musicale inintéressante aux Docks) 6 avril 2001 | |
MAIS QU'EST-CE QU'UNE FÊTE ?
On ne peut pas se lancer ici dans un immense monologue autour de la fête au travers des âges, des civilisations et des cultures, non... Mais rappelons quand même très rapidement quelques principes, puisque Pierre, de Biomix, nous affirme dans La Provence de ce 14 avril 2001 que leurs "soirées sont organisées dans un esprit avant tout festif". La fête est avant tout une rupture du quotidien, qui établit son temps propre, subversion du temps ordinaire. La fête va de pair avec l'utopie, l'alternative, la subversion du quotidien au travers de toutes ses manifestations qu'elle met en scène et renverse : temps, rôles sociaux, valeurs, etc. La fête est rupture avant tout et communion dans la rupture. En tout cela, elle est aux antipodes du loisir qui s'inscrit pleinement dans l'idéologie occidentale dominante, dans son temps, celui du travail, dans ses valeurs, ceux de la consommation payante aliénante, "Du pain et des jeux !" disaient les empereurs romains d'un autre temps pas si lointain... Aujourd'hui, on paye de plus en plus cher pour les jeux et pour le pain, et on en redemande. MAIS QUI SONT CES TROUBLE MAKERS ? Ceux-là même qui co-organisaient la soirée... Vous ne les connaissez pas ? Ils sont depuis quelques semaines sur des grands présentoirs de la FNAC à Marseille, cette grande découvreuse de nouveaux talents, les seuls, les vrais (ceux qui peuvent se payer les présentoirs, quoi...). Mais si, souvenez-vous, ils sont sortis chez Guidance, le gros label de Chicago, ça le fait, non ? Mais oui, ils ont sorti un morceau sur les CDs de compil' des Inrockuptibles en début d'année (quoi ? Vous ne lisez pas les Inrock-euh ???), vous savez, ceux à qui il faut payer 20 000 FF pour sortir un morceau de promo comme ça... Leur premier album se vend à 2000 exemplaires par jour sur toute la planète, Japon compris, pas mal pour un début, non ? Si, si, ils sont de l'UNDERGROUND, je l'ai lu dans TRAX n°38 (comment ça, vous ne lisez pas Trax non plus ???) : "Nous évoluons pour l'instant dans l'underground, sans nous mettre une quelconque contrainte commerciale." Très courageux, ils refusent de "brader leurs prestations", de faire "n'importe quoi" puisqu'ils sont quand même 12 dans l'équipe du scrach à la vidéo (avis aux tourneurs, c'est pas du bidon !!!). Mais bons princes, ils ont quand même une "formule DJ" comme les MacDo ont leur menus, avec Arnaud en warm-up hip-hop, Lionel (alias LE dj Oil, wahou !) en mix downtempo et Fred (MONSIEUR Fred Berthet, sivouplé) en mix house et techno. Sympa les Trouble makers, quand même, non, quand on sait que "les lieux bidons et les clubs minuscules, ça n'est vraiment pas (leur) truc" ? Au fait, dans l'article de La Provence, on apprend aussi que 2 fois par mois, Biomix organise une soirée à Aix au super et minuscule bar l'IPN, et moi, je le sais, j'y suis allé, j'y ai vu Fred Berthet on mix... Vraiment, il est encore plus sympa que les autres de jouer dans des endroits aussi minuscules !!! Ca doit être l'underground qui fait ça, non, une telle solidarité ? MAIS QU'EST-CE QUE l'UNDERGROUND ? Ben oui, d'ailleurs, c'est quoi ce truc ? Ce truc est une valeur fondamentale depuis le début de tous les mouvements techno dans tous les coins du globe où ça s'est passé. Cette valeur est fondamentale pour l'auto-définition des acteurs de ce mouvement, par rapport à un idéal qui est pourtant indéfinissable. Personne ne saura donner LA définition de l'underground, personne ne saura en cerner les limites, ou au contraire, tout le monde le fera allègrement, s'y situera, mais sans qu'aucun avis ne converge réellement. Alors, l'underground, peut-on dire ce que c'est ? Et bien non. Mais on peut quand même en donner un ou deux principes : comme avec la fête, ça va de pair avec l'utopie, et c'est obligatoirement lié à une proposition d'alternative si faible soit-elle. Ainsi, si l'on ne peut pas dire ce qu'est l'underground (ou alors en donner des centaines de définitions), on peut fort aisément dire ce qui N'EST PAS de l'underground, et ce qui N'EST PAS de l'ordre de la vraie fête... Et tout dans la soirée et dans son environnement aura beau voulu y faire croire, BIOMIX ainsi que tous les artistes de la soirée ne SONT PAS de l'UNDERGROUND, autant que leur soirée n'ETAIT PAS une vraie fête. ET ALORS, CETTE SOIREE ? Tout y était, les ingrédients de la réussite : ET MAINTENANT, MON JUGEMENT : La musique, mis à part quelques effluves sympathiques housy de DJ Oil (des Trouble makers !!! Wah Kon !!!) ainsi que quelques passages percus/breakbeat sympathiques à un moment dans la petite salle (mais quelle stâÂâr était-ce donc ?) était une pure arnaque reposant sur deux choses uniquement :
La musique de la soirée BIOMIX ? Une pure merde en boîte (de boîte ?) !!! Quelques détails ? Allez, ce que j'en ai vu le plus attentivement (parce que j'ai pris des notes, attention !!!), juste deux exemples suffiront :
Rajoutez par dessus ça une déco inexistante, un film de Bruce Lee qui passe sur grand écran et vous aurez une idée de pourquoi j'affirme qu'il s'agissait d'une grosse arnaque artistique. On me rétorquera que le public était heureux, et je vous répondrai que oui, il l'était. A la base, lorsqu'on se motive, qu'on sort de chez soi, qu'on boit 2-3 coups, avec des potes, qu'on se rencontre, qu'on se regarde, qu'on se montre, ça le fait déjà un peu, avec un fond sonore à donf avec des basses et des aigus impeccablement ciselés, ça commence à le faire carrément mieux... Mais cela s'arrête là... Exit l'émotion, la surprise, le frisson, l'expérience, Biomix n'est pas là pour ça !!! Ou alors, à force de crier sur tous les toits tellement fort que BIOMIX c'est LE truc, tout le monde finit bien par y croire. C'est en cela que c'est encore plus une arnaque, et que cela me dégoûte passablement... Donnez du mieux aux gens, ils seront encore plus heureux !!! Je vous le garantis !!! "BIOMIX : Du pain et des jeux !!! Endormons le peuple..."
CONCLUSION Ne croyez pas ce qu'on vous dit !!! La soirée Biomix n'était pas une fête, malgré toute la sincérité que ses organisateurs ont pu y mettre (on ne sait jamais), il s'agissait d'un de ces événements qui marquent la fin d'une scène, d'un de ces événements officiels qui puent à plein nez le friK, la reconnaissance à 2 francs d'un truc qui est mort depuis longtemps et qu'on agite encore comme un espoir inédit... Ne croyez pas ce qu'ils vous disent, si l'underground existe, ce n'est pas eux qui le représentent. Ils sont un loisir social, un de plus, un de ceux que le pouvoir nous autorise et dans lequel il nous bénit, c'est bien, tous ces gens qui s'amusent, ils pensent moins comme ça. Ne croyez pas ce qu'ils vous disent, ils ont beau y mettre tous leurs efforts, le résultat n'est qu'une escroquerie grossière qui n'a d'artistique que le nom... Cherchez, par vous-mêmes, ne faîtes pas confiance, résistez, leur message pue la consommation autorisée... Tournesol |
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