Désobéissance civile


Le poison était programmé. Nous nous savions en sursis. Nous savions être tout ce qu’ils détestent et tout ce qu’ils craignent : bruyants, autonomes, désobéissants, créatifs, désordonnés, libres. Ils nous disent irresponsables parce que nous n’avons pas peur de ce que nous sommes. Ils nous infantilisent pour oublier qu’ils agonisent.

L’âge d’or est terminé. La teuf n’est plus une bulle hors du temps et de l’espace. Elle va devenir un champ de bataille, le théâtre des opérations. Chez nous, on aime se gargariser de mots : tribu, résistance, unité. Rêve au mieux, fantasmes au pire. Ces choses étaient faciles à dire car nous n’avions rien à faire. Nos rencontres avec les forces de l’Ordre étaient presque tout le temps seulement un aimable jeu du chat et de la souris.

Un jour ou l’autre vient pour chacun le temps des épreuves. Le nôtre est arrivé. Allons-nous nous dissoudre ? Nous réfugier dans les discothèques aux ambiances feutrées ? Ou allons nous continuer à occuper les espaces abandonnés par une société stérile pour leur rendre le temps d’une nuit une vitalité que nous seul savons susciter ? Allons-nous défendre le son qui nous fait ce que nous sommes ?

Les choses sérieuses ont commencé. Nous n’avons déclaré aucune guerre et c’est pourtant en menace que l’on nous traite. Alors à nous de décider si nous voulons survivre ou pas. Personne n’est obligé d’aller en teuf, d’en organiser, d’engendrer un mouvement artistique, culturel, social. Tout un autre monde est là, mis à notre disposition par un pouvoir de plus en plus policier et des médias ciblant de plus en plus le « Djeun ». Pourquoi partir dans des clairières à la recherche de l’illumination et d’émotions fortes alors qu’il y a, exprès pour nous, Loft Story et Star Academy ? C’est ça la vraie vie, des simulacres de stars censés nous ressembler dont le souhait ultime est de devenir la Céline Dion ou le Rock Voisine du XXIème siècle. Voilà le monde qu’ils nous proposent :

·         Une TV à la con.

·         Des objets que l’on doit acheter non pas parce que l’on en a besoin mais parce qu’il faut en avoir pour être à la mode Et surtout bien vérifier que l’on voit le petit logo !

·         Des présidents qui ne verraient pas passer des petites valises remplies de billets sous leur nez alors qu’elles leur sont destinées.

·         Des députés qui trahissent leur parole de juin en octobre et qui s’étonnent les soirs d’élections que les gens en général et les « Djeuns » en particulier s’abstiennent de voter. On est pour la démocratie en général mais on en a marre de leurs trahisons et de leurs mensonges.

Nous n’avons pas d’alternatives toutes faites à proposer, nous n’avons pas de monde clé en main pour remplacer celui-ci. Mais la free party, c’est le lieu où on reprend notre souffle et quelques forces, où pendant quelques heures on arrive à changer leurs règles sordides du jeu avant de retourner dans leur enfer tiède et poisseux.

La free party est notre espace de liberté et de créativité à un âge du monde où elles s’étiolent. Et la liberté, cela se défend. Donc je m’adresse maintenant à toi lecteur. Il est temps de savoir si tu veux te battre ou abandonner. Peut-être n’avons nous même pas de chance de gagner. Mais parfois, on ne se bat pas pour cela. On se bat pour son honneur, pour une cause qu’on sait être juste, pour que celui qui va t’écraser sache qu’il peut te vaincre mais qu’il y aura aussi pour lui un prix à payer. On se bat pour pouvoir se regarder dans la glace, pour ne pas être totalement un esclave. Cela va bien au-delà de la fête, cela a à voir avec la rébellion.

Shamael


Déclaration des droits de l’homme et du citoyen


Article 35

Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs.